Affichage des articles dont le libellé est poétique. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est poétique. Afficher tous les articles

mercredi 18 septembre 2019

Éperons de la critique : notule poétique

Arthur Rimbaud, 1872 
© Étienne Carjat - Wikipedia


Autour de la poésie : la gnose-la-prose-la-glose. La critique et la poétique, la métacritique et la métapoétique, les commentaires, se rendent pratiquement incritiquables, puisqu’ils prétendent englober le tout dans le phénomène « poésie », le subsumer en lui-même, en logoïsant le monde. Chacun, devant ce discours, n’a qu’à se taire, ou lui emboîter le pas, avec pour résultat qu’aux grandes approximations on ajoute de l’imprécision, au grand flou son vague témoignage. Le commentaire assèche, la critique décrépit, et, à rebours, la gnose-la-prose-la-glose révèlent leur propre aridité. La première victime en est la poésie : elle est surplombée, de toutes parts, par de grands esprits, de grands lecteurs, de grands critiques et de grandes injonctions. C’est l’ère du méta-individualisme où règnent les principes, les classes à l’infini. La vie est autre chose... du court, du dense, du beau, du fou. En mettant le doigt sur le « je », la distinction apparaît, d’où la permanence du vers et de la rime.



L’IMITATION D’RIMBAUD


J’en écrirai encor, des vers !
Comme Verlaine et Baudelaire...
J’en ferai encor, des affaires !
Comme Arthur Rimbaud en enfer...

et quelques fabuleux blasphèmes

de ceux qui vouent à l’anathème
celui qui en fait des poèmes
prélude à de nouveaux problèmes...

La jeunesse (brave jeunesse)

dévorante, feignante, ogresse, 
agglutinait les sons (ô graisses)
déjà bien avant que je naisse

et se mentait sur tout (je mens…)

ce qui a pour nom « sentiment »
sans égratigner le tourment
que j’opère... Adieu charlatans !

J’aurais mieux fait de m’engager

dans le commerce et bien manger
au lieu de « métalangager »
pour devoir mes talents gâcher !

Qu’attend le monde d’un poème 

sinon qu’il soit d’amour bâti 
avec des mots pour le porter
sous le soleil vers l’éternel ?

Je m’en vais même si je t’aime

C’est décidé je suis parti
Non n’essaie pas de me chercher !
Je suis au-delà du Sahel...

mercredi 23 janvier 2019

Où intervient la poésie ?




Le degré moyen de la parole

Toute poésie a hérité d’un certain degré de style qu’elle maintient ensuite sur l’échelle de la parole, prête à en faire don comme d’une proie soumise au regard de ses lecteurs, y compris les plus pressés. Celle que je souhaite communiquer un jour aux lecteurs a été écrite dans le style « moyen », comme les océans abritent des poissons à des profondeurs moyennes, comme on peuple des villes de tailles moyennes, comme la plupart de nos véhicules sont faits pour couvrir des distances dites moyennes. Autrement dit, en voulant nommer une poésie « superficielle », on n’entendrait pas systématiquement sonner un reproche envers son éventuel défaut de consistance, mais aussi bien la formule générique pour nommer une poésie de la surface, de l’épiderme et du premier plan. On ne vanterait pas non plus, a priori, les mérites d’une poésie pour sa « profondeur » au seul prétexte qu’elle serait difficile, exigeante, recherchée, quand cela n’en dit pas moins l’enfouissement et la distance à parcourir afin de l’appréhender. Mais je voudrais encore, par cette épithète équivoque, nommer « moyens » des thèmes qui recèlent tout ce qui nous est – ou nous paraît – commun (ce qui n’exclut pas toujours le sublime) : Dieu, l’amour, la paix, le temps, l’espoir, pour évoquer les plus visibles. Si ce sont donc des thèmes de toujours, il reste qu’ils sont souvent difficiles. Le rôle de la poésie, à mon sens, c’est d’intervenir pour qu’ils soient vécus davantage comme sujets de pensées et d’expériences que comme sujets de complications avec suspension de la parole. Intervenir ? Pourquoi ? Auprès de qui ? Comment ? C’est ce que nous allons maintenant aborder successivement.