David Rolland : « Vous en avez rêvé, un lecteur l’a fait : il s’agit d’un livre, de 9 pages. Merci l’auteur. » Impératif de circonstance : Agis de telle sorte que tu traites le boumeur aussi bien dans Dieu que dans le Dieu de tout autre jamais simplement comme un moyen mais toujours et en même temps comme une fin, un destin et de bon cœur.
vendredi 24 mars 2023
Poésie : Enfant d’amour, et autres réveils…
dimanche 19 mars 2023
samedi 5 novembre 2022
De la haine du lecteur jusqu’à l’issue normale
La Liseuse, Jean-Honoré Fragonard, vers 1770. |
Des poèmes dégoûtés
Quand on veut faire du neuf en littérature au mépris de ce qu’on veut juger dépassé, on veut non seulement assumer ses innovations mais surtout assumer de convertir les lecteurs à ses innovations, y compris en lecture. L’assentiment ne suffit pas, les chiffres des ventes non plus. Or rien de ce qui se lit ne peut se faire sans intelligence. Or on attend souvent en vain des pensées et des idées poétiques au sujet de la lecture, pas seulement adressées à l’abstrait lecteur que l’auteur imagine à l’autre bout de la page. Or le consumérisme fait flamber, entendez par là surfaire et se volatiliser, le cours de la valeur de la poésie actuelle. L’embourgeoisement guette les livres. La poésie et l’humanité, quand elles ne sont pas réduites à la honte dans des consciences qui sont nombreuses, sont victimes de persécutions, pour mieux dire d’un harcèlement mené, nécessairement avec conscience par des écrivains reconnus. Sinon, si l’inconscience les domine, ce n’est pas un dieu mais un démon qui peut nous sauver. Or il n’est plus question que ce soit la poésie qui le fasse : la poésie est une idée erronée qui peut, au mieux, devenir plus juste. Or il y a un bel avenir pour les erreurs en voie de réajustement, en renonçant à l’autorité morale des uns sur les autres, en délaissant le pouvoir qui prétexte que son savoir la rend décisive.
De la poésie nouvelle
Logiquement, la poésie éprise d’innovation a la phobie de l’ancien, l’avant : c’est déjà beaucoup, c’est presque immense. Est-ce sa seule phobie, peut-être, mais corrélée à celle de l’autre, qui existe dans les poètes qui évoquent un peu trop l’avant, l’ancien, selon la poésie nouvelle. Schématiquement, à la beauté peut se substituer la laideur, au bien se substituer le mal, au vrai se substituer le faux, au bon se substituer le mauvais, à la logique se substituer l’illogique, l’arbitraire. Or sans la conversion du lecteur à apprécier la poésie nouvelle, pas en étant saisi de dégoût par de telles substitutions, mais en appréciant mieux, plus utilement et plus finement, agréablement, la nouvelle poésie que voilà, sans le lecteur nouveau, il ne reste rien d’autre à convoquer que l’économiste et la satire. On a vite choisi. La satire publique est sale. L’économiste, qui est poète, nous assure de la santé des comptes des éditions poétiques. Le lecteur est rassuré par son investissement. C’est la fin du lecteur. Un lecteur, ça se tait. Fermez-la. L’esprit, par contre, gueule sa douleur de condamné par la nouvelle poésie, qui substitue la haine de l’un à l’amour de l’autre. À ce stade, il peut refermer la majorité des livres, le mal dont on l’accable se charge de refermer pour lui ceux qu’il a aimé. Si des bonnes choses vinrent des livres, des mauvaises ont pu en sortir également, par la volonté de leurs auteurs. Le malheur, monsieur, madame, fut si vaste, que la question ne se pose plus : rien de bon, rien de mauvais, refermez ça et laissez la poésie nouvelle aux intrépides, aux immortels, aux plus avertis. Il y eut la haine de la raison, la haine de l’autre, la haine de l’étranger, la haine de l’humanité, la haine de la sagesse, la haine de la poésie, la haine du dialogue, la haine de l’amour. C’est le tour de la haine du lecteur, la haine de la minorité invisible, la haine personnellement et impersonnellement dirigée vers toi, vers moi qui t’écris, vers toi, qui me lis. Le dérèglement des sens, voulu et imposé par des fans incohérents de poésie classique et critique à des personnes violentées et affaiblies, se changea en handicap, psychiatrique et social. La poésie vivifie, l’esprit se soigne, du mal on peut guérir. Il en reste la haine des fous, la haine de la psychose. Pendant que l’on soignait ce dérèglement des sens, qui n’était pas antipoétique car jeunesse se fait, l’intérêt des autres s’est déplacé : changer la vie ne va pas sans sacrifices. Le lecteur déréglé est invité à changer la vie, pas avec des critiques et des remarques, jugées morbides depuis la réforme vitale qu’on a décidé. Il est prié de changer, car il ne s’intègre pas. La vie n’attend pas, qu’on n’attende pas de la vie plus que ce qu’elle peut donner. Ainsi va la vie nouvelle, il y en a de partout, il suffit de s’intégrer selon la poésie nouvelle, la raison nouvelle, l’autre nouvelle *1*, l’étrangère nouvelle, l’humanité nouvelle, la sagesse nouvelle, la dialogue nouvelle ~2~, l’amour nouvelle °3°. En avant ! La poésie tu seras.
~2~ Anciennement appelée la conversation.
°3° Mais pas plurielle.
Le développement précédent, si binaire que j’en demande pardon, est binaire comme le sont l’instant d’avant par rapport à l’instant d’après, celui qui suivra l’instant présent, qui est celui où nous sommes, où je suis. C’est l’instant du vivant, celui que nous aimons, l’instant qui sauve, ou qui en porte au moins toute la possibilité et souvent davantage. L’instant a été fait ainsi, il est de simple facture, mais solide, nous ne pouvons que l’honorer en le rendant aussi bon qu’il le promet. Le binaire qui succède à la perception trine de l’existence est parfois schématique, c’est un passage obligé quand on se propose d’examiner la logique de l’ancien et du nouveau, qui fait peu de cas de l’instant présent. La dialectique, que j’aborde ailleurs plus longuement, n’est pas nécessairement binaire, ni même paire, ni dans sa progression, ni dans ses prémisses, ni dans ses conclusions, malgré la nécessité d’en passer par le deux en allant de l’un jusqu’au trois. Mais il est probable que la dialectique marche sur deux jambes, comme la plupart des poètes, des philosophes, des passants et de mes amis, sans exclure les autres en mouvement, que leurs moyens soient impairs ou pairs.
Les poèmes sont un exemple de ce qui rassemble des instants présents. L’explication à ce sujet, l’instant présent, a lieu dans l’appréciation du goût qu’ils proposent et l’avis de tout lecteur, ou témoin de leur lecture. Les critiques qui ressassent leur arbitraire leçon, leur refus du genre ancien au profit du genre nouveau, sont indélicates, déplacées en matière de goût, de style et d’éthique, lorsqu’il s’agit d’apprécier des poèmes. En poétique, la critique peut proposer, tantôt sur un mode constructif, tantôt sur un mode destructif, voire éruptif, ses vues nouvelles et ses souhaits, les enjeux de la poésie et la situation nouvelle. La critique médiatique repose sur un tact et une sincérité, que l’encensement circulaire et les louanges d’un milieu épuisent. De tels caprices d’initiés ne peuvent que conduire le lecteur à réduire, au mieux, ces critiques à des ironistes, au pire au renoncement, dont la lecture et l’esprit qui nous est commun souffrent, à commencer par la santé mentale des locuteurs de la francophonie.
La réciprocité n’est pas une vilénie, mais une reconnaissance et une courtoisie. Un dialogue de sourds, au sens figuré, pose le problème du mal qui atteint la communication, qui n’est pas le problème du sens figuré rendant hommage au sens propre, comme si des figures de style et des métaphores hantaient la réalité des dialogues à tel point que les gens ne voudraient plus se parler communément, se comprendre, comme si c’était chacun sa langue, dont les réinventions vouaient les uns au succès, les autres à l’échec ; ou comme par compassion envers les sourds, qui peuvent lire et dialoguer par écrit, pourtant, tout comme ils peuvent dialoguer entre sourds en communiquant par le langage des signes, la gestuelle et l’expression du visage. Face à la surdité de l’esprit, hurler spirituellement ne sert à rien, mais la sagesse et la philosophie, la religion et la bonne volonté proposent des leçons qui s’appliquent tantôt à soi-même, tantôt à soi-même et à l’adresse des autres, tantôt qui sont consacrées à soi-même et tantôt consacrées à soi-même avec les autres, c’est là que l’esprit nous aide, à l’écouter et à l’entendre.
La langue commune n’est pas la défaite de la poésie, plutôt sa condition première. La garder, ou la renier pour une autre à soi, ou combiner les deux, ou l’éprouver avec des difficultés qui feraient de toi et de moi des monstres, soumis au jugement des autres, ces possibilités sont fort différentes de la loterie, où les tickets sont soit gagnants, soit perdants. Le lecteur et le poète, celui qui écoute et celui qui parle, celui qui est chez lui et l’invité, celui qui peine et celui qui pratique couramment, rencontrent des milliers de sentiments variés, mais aucun qui soit moins fort et vrai, par la justesse et la bonté qu’il veut y mettre de bonne volonté, que la grande joie et la petite peine éphémère du gagnant et du perdant à la loterie. Quel qu’en soit le gros lot, bien qu’une somme d’argent puisse changer la vie d’un pauvre, je crois que personne de sincère n’échangerait sa chance en parole contre sa chance en argent, tout bien réfléchi. Tout bien réfléchi de mon côté, la justesse de la parole et sa liberté sont la mission de la poésie, qui peut aider bien des âmes de lecteurs à souffler, en maintenant la parole, en conservant sa mission, en transmettant sa liberté et en approfondissant sa justesse.
samedi 18 juin 2022
MÉTACRITIQUE : CRITIQUE DES CRITIQUES. De la réception nouvelle de l’ego idéalisme.
La poésie ne peut accueillir toute l’arrogance inculte et moralisatrice de France, à l’heure où sa destinée principielle émerge en vertu de l’imminente révolution du consentement à la sagesse de l’ego idéalisme.
mercredi 22 septembre 2021
CHRONIQUE : Le Platon des mirlitons
Poésie, où vas-tu ? Poète, que fais-tu ?
La critique la plus éparse et la plus crasse vous requiert.
Toute la profession était convoquée. Le procureur se présente, ébouriffé. Tout le monde embrasse son voisin. Le procureur, ému, déclare à l’assemblée :
Je suis l’humour, d’une charité prodigieuse,
qui provoque le rire et les aveux de l’hypocrite.
Poète, il est mort le printemps !
J’entends ta langue poétique au devenir philosophique, elle est réglée comme du papier à musique, j’entends. J’entends qu’on dit aussi beaucoup de mal à ton sujet. J’entends grincer les arts désaccordés. Il y a parmi vous force salauds. Exemple : le salaud qui a pris le parti de la rime... C’est un mauvais parti de droite !
J’aperçois maintenant quelque part, dans le fond, sans audace, la nostalgie qui abat tant d’alexandrins, à faire soupirer d’ennui nos plus grands mètres...
Avancez à la barre, grand-mère, doucement...
Je n’y arriverai jamais !
Votre absence n’en sera que plus éloquente.
jeudi 29 avril 2021
LECTURE : Quart livre des reconnaissances, de Jacques Réda, LE BON POÈTE
Quart livre des reconnaissances, Jacques Réda, Éditions Fata Morgana, 2021
Réjouis-toi, poésie !
Jacques Réda publie.
Le Quart livre des reconnaissances est l’un des rares livres, l’un des seuls, en 2021 et au-delà du temps, qui réveillent le lecteur de poésie égaré ou déçu par la production moderne.
Le Poète, fidèle à sa Muse, a su marier la forme et le fond dès les premières pages, qui s’ouvrent sur les Fragments d’une épopée du mètre avec la suite Le Roland sérieux :
I
Décasyllabe est le vers féodal
Du preux qui tient ferme sa Durandal
Entièrement composé de vers de dix syllabes et traitant des origines de la langue littéraire française, ce poème fourmille d’intentions, de trouvailles et de rimes, d’allusions et d’évocations historiques qui en font, outre une parodie tardive de la chanson de geste, une lecture chantante, une coupe légère qui accueille en elle les siècles et les esprits, sans imposer leur poids. Le geste donc, est large, ouvert, bienveillant.
mercredi 28 avril 2021
CRITIQUE LITTÉRAIRE : Deux livres de Pierre Vinclair
Pierre Vinclair (Prise de vers, La rumeur libre éditions, 2019),
(Sans adresse, Éditions Lurlure, 2018)
CRITIQUE :
Cela est fort vaste,
me dis-je en moi-même…
This dice is the last
à moins d’un poème…
Pierre Vinclair, Prise de vers,
Sans adresse, et Le coup de dés
Il versa tant dans l’analyse
que ses pieds étaient dans la mouise.
Que faire d’un texte illisible
censé bichonner l’impossible
s’il n’est que la déduction
du possible sans traduction ?
À ses parents, amis, marmaille
il fit des sonnets sans rimaille
longs de cent soixante-huit mètres
qu’il coupa en dodécamètres
ciseaux en main, en bon psalmiste
ou comme en poète modiste.
Cent soixante-huit obélus
quatorze font douze, pas plus.
Alors la rime est ajournée
car trimer toute la journée
sur sa pierre, comme un tailleur…
— Sa vérité était ailleurs !
Modestement, il fut formel :
Oui, le sonnet est éternel
à condition de le former
de l’informe vers l’informé.
Ce sujet, qui fera l’objet
d’un prochain cours sur le rejet
et le contre-rejet sans rime
en fin de vers, est fort sublime.
Nous y aborderons l’ouvrage
du sonnet, qui, hors de la page
bondit dans la réalité
et regagne l’éternité
avec sa complice, la prose.
En attendant l’apothéose
reprenons nos méditations
et rangeons nos tabulations.
… Pourvu que demain
je leur fasse un cours
Sur un écrivain
dont j’ai fait le tour…
mardi 13 avril 2021
CHRONIQUE : Le Printemps des Peuples
Certes, telle n’est pas vraiment la conclusion, puisqu’il s’agit de l’avant-dernière page de l’ouvrage ; à la page suivante, qui est bien cette fois la dernière, il écrit et rend hommage à Aimé Césaire : « Nous sommes définitivement avec toi / Sous “la pluie des chenilles” / Du côté de l’espérance. »
Ainsi espère-t-il, je le suppose et je l’espère avec lui, en la résurrection des peuples. Et vraiment, je pense la chose possible, sans doute probable et peut-être prochaine, bien qu’il y ait fort à faire — car si j’en crois la Bible, en Palestine il y a pratiquement deux mille ans, un homme nommé Jésus est mort et ressuscité. Or ni son nom ni sa mémoire n’ont cessé de vivre depuis sur terre. Si ce fait est exact, et bien que certaines personnes le tiennent pour une légende, les peuples seraient donc également promis à un avenir mémorable et glorieux ? Dieu, dans son infinie bonté, a ressuscité un homme ; pourquoi refuserait-il de ressusciter les peuples ?
dimanche 7 février 2021
CRITIQUE : L’étiquette Poésie
Impression, soleil levant, Claude Monet, 1873 |
CRITIQUE : « Que reste-t-il de la poésie ? », livre de Dana Gioia
Dana Gioia : Que reste-t-il de la poésie ?
Sous la forme badine d’un debriefing dont les Américains ont le secret, l’auteur dénonce la spécialisation de la poésie, désormais affiliée aux cours universitaires de création littéraire. Donnés par des poètes institutionnalisés, pour un public toujours plus confidentiels de poètes et de moins en moins lus par le grand public, la poésie, selon l’auteur, se rumine dans l’entre-soi. « La poésie américaine est désormais l’apanage d’une coterie. » (Incipit, p. 7) Les revues n’intéressent plus que des poètes, eux-mêmes auteurs et lecteurs de poèmes, à peine le public cultivé. La professionnalisation des poètes fait de la poésie l’intérêt d’une petite communauté qui n’hésite plus à honorer les siens, parfois au détriment de la qualité intrinsèque des publications. Ainsi, la critique sincère n’étant guère plus produite, mais systématiquement bienveillante, on entortille la poésie dans le sirop de la connivence. La culture populaire tient la poésie pour morte, puisque dévitalisée, coupée de ses racines existentielles.
Sans doute l’essor d’Internet a permis, depuis la publication de ce texte, de transmettre potentiellement la poésie à un plus grand nombres de lecteurs.
Il manque sans doute aussi à cet essai des développements qui atténueraient son tour un brin caricatural, car s’il vise juste et touche souvent sa cible, ce tour d’horizon laconique, flegmatique, laisse un champ dévasté par le pessimisme de la concision, un pessimisme trompeur dans la mesure où tout semble normal si l’on n’y prend garde, tant l’aperçu semble impeccable. La synthèse critique a quelque chose de lénifiant malgré son coup pamphlétaire, qui semble nous dire : « Dormez braves gens, c’est la poésie qui passe... au prochain tour elle meurt ! »
L’auteur, qui avec beaucoup de sang-froid prétend dominer son sujet, verse dans une analyse qui pèche par une vision trop verticale du pouvoir et du cercle des poètes universitaires et institués, tandis qu’une enquête plus étendue, un road-trip moins confiné qui explorerait les grands espaces poétiques et profonds de sa terre d’Amérique, l’aurait sans doute mené à trouver, du moins à chercher la poésie ailleurs que dans les seuls lieux qui l’estampillent. Ce défaut confère à sa critique un air aseptisé qu’il est le premier à dénoncer dans le monde universitaire. Mais sa brièveté ne passe pas à côté de l’essentiel. Dana Gioia est également conscient du rôle que doit jouer la poésie du langage et ceux qui la font : donner, au-delà des classes et des assignations, un sens à nos existences. Conscient de l’importance du langage dans la culture, il se prononce contre l’élitisme et le repli sur soi, en faveur d’une poésie qui se communique et se transmet.
L’essai se finit sur des propositions selon lui à même de sauver la cause de la poésie, en la faisant battre dans tous les cœurs et dans tous les esprits. Il prône donc la lecture publique, par les poètes, d’autres poètes qui leurs soient inconnus ; le décloisonnement des arts, en invitant notamment la musique à participer aux événements poétiques ; des critiques et articles aussi sincères que possibles, sous la plume des poètes, dans de multiples publications non spécialisées ; un appel à exclure de toute anthologie poétique les intérêts partisans ; et enfin, une proposition qui, contrairement à toutes les autres, va à rebours du sens communément admis par nos spécialistes français de poésie (qui depuis l’avénement du web ont largement mis à profit les autres propositions, le plus souvent en reproduisant les mêmes travers incriminés) : que prévale, en classe, la récitation sur l’analyse, en partant du principe que « les poèmes sont faits pour être lus, appris et récités » (p. 56). Cette proposition, qui a le don de me plaire, épouvantera peut-être des poètes et poéticiens français encore en vie, qui se sont époumonés à refuser à la poésie la chance qu’on la récite. Mais Dana Gioia va encore plus loin, puisqu’il ose ce qui relève du blasphème, même ici, en affirmant que le « plaisir des mots » participe de la poésie, et même, au sujet de l’oralité : « Il se pourrait qu’elle détienne aussi les clés de l’avenir de la poésie », conclut-il. Il y a donc des raisons d’espérer.